Décrypter la micro-influence avec Florian Richard, créateur de contenu sur TikTok et Instagram

Et si la culture générale devenait virale ? C’est le pari qu’a choisi de relever Florian Richard, créateur de contenus éducatifs qui réconcilie les réseaux sociaux et l’enseignement. Avec plus de 180 000 abonnés cumulés sur Instagram et TikTok, ce micro-influenceur transforme des notions parfois complexes en formats courts, accessibles et accrocheurs, à mi-chemin entre pédagogie et divertissement.

À la croisée des mondes de l’influence, du marketing et de l’éducation, Florian incarne une nouvelle génération de créateurs de contenu : plus authentiques, plus engagés. Ancien élève de la Montpellier Business School et aujourd’hui Account Manager SEA, il met à profit ses compétences en stratégie marketing pour créer du contenu et réinventer la manière dont on apprend : au-delà des murs de l’école et plus proche des codes des jeunes. Un modèle qui inspire plusieurs marques, dont Signal, la Caisse des Dépôts et Leclerc, qui ont fait appel à lui pour des campagnes de marketing d’influence.

Dans cette interview exclusive menée par l’Agence Redwood, il partage les coulisses de la micro-influence, son approche créative, ses convictions et sa vision d’une influence durable qui mise sur l’utilité plus que sur la viralité.

Profil Instagram de Florian : https://www.instagram.com/florian.yt/

Peux-tu te présenter et retracer ton parcours ?

Je m’appelle Florian, j’ai 27 ans, et je travaille en agence de marketing digital comme account manager SEA, où je gère des campagnes d’acquisition et des stratégies pour des clients. À côté de ça, je suis créateur de contenus sur TikTok et Instagram depuis deux ans et demi. Je traite des sujets de culture générale, d’histoire et de sciences au format de quiz intéractifs, d’anecdotes insolites ou de faits méconnus… Mon objectif est simple, rendre l’apprentissage à la fois facile, rapide et stimulant, en m’appuyant sur les codes des plateformes que les jeunes consultent chaque jour.

Comment as-tu commencé dans la création de contenu ?

J’ai toujours été attiré par la création de contenu. Plus jeune, je filmais des vidéos tutos sur le jeu vidéo Minecraft que je publiais sur YouTube. C’est là que j’ai appris à monter et prendre la parole devant la caméra. Ensuite, pendant mon alternance en école de commerce, j’ai eu l’idée de documenter mon apprentissage de nouvelles compétences en vidéo. Par exemple, j’avais tenté d’apprendre à faire du feu sans briquet ni allumettes, et spoiler : c’est plus compliqué que dans Koh-Lanta !

Comme ce format me prenait énormément de temps, je l’ai laissé de côté. Puis, un jour dans le train, j’ai eu l’idée de publier des anecdotes historiques liées à la date du jour, histoire de joindre l’utile (apprendre de nouvelles choses) à l’agréable (scrolling sur TikTok). C’est comme ça que j’ai lancé mon compte fin 2022, avant de dupliquer sur Instagram en août 2024, où la croissance a été plus rapide grâce à l’expérience acquise sur TikTok.

Pourquoi as-tu choisi de créer du contenu autour de la culture générale, de l’histoire et des sciences ?

Disons que je fais partie de ces personnes qui ouvrent Wikipédia pour vérifier une information.. et se retrouvent deux heures plus tard à lire des articles improbables sur l’évolution des crabes. Plus sérieusement, j’ai toujours été quelqu’un de très curieux, du genre à me poser mille et une questions existentielles. Du coup, ça m’a paru assez naturel de me lancer dans la création de contenus éducatifs, plutôt que de faire du pur divertissement. Ce que je veux, c’est simplement partager ma curiosité, de façon simple, sans prise de tête… avec, en toile de fond, le plaisir d’apprendre sans même s’en rendre compte. 

Et finalement, ce choix de me positionner sur des contenus liés à l’éducation et la culture présente un vrai atout : c’est un univers riche, facilement adaptable à différents formats, qui m’a permis de collaborer avec plusieurs marques, de secteurs et de tailles très variés.

À quel moment as-tu compris que ton contenu prenait de l’ampleur ?

C’est vraiment quand j’ai lancé le format quiz sur TikTok que j’ai senti un tournant. Le concept est simple, mais il a tout de suite accroché : les gens aiment tester leurs connaissances, partager leur score, se défier dans les commentaires… Résultat : un taux d’engagement qui a explosé, et des vidéos qui ont commencé à beaucoup mieux performer. Ce type de format coche toutes les cases que l’algorithme valorise : il capte l’attention dès les premières secondes, incite à interagir, et surtout il augmente le temps de visionnage (le fameux dwell time), un signal clé pour la visibilité sur la plateforme.Depuis, c’est devenu l’un de mes formats phares. Mais au-delà des chiffres, ce que j’en retiens surtout, c’est l’importance de tester, d’innover, et d’observer ce qui fonctionne déjà dans l’écosystème. Les plateformes évoluent vite, et rester curieux, même sur sa propre façon de créer, c’est essentiel. Cela dit, je fais toujours en sorte de garder une certaine cohérence éditoriale, sans mettre de côté les contenus que j’ai envie de faire et qui me tiennent à cœur. Innover, oui, mais sans se perdre. Je veille à ce que chaque format reste fidèle à ce que j’ai envie de transmettre, et à ce que je prends plaisir à faire. Parce qu’au final, c’est aussi ça qui engage les gens : sentir qu’il y a une vraie intention.

Quel type d’audience touches-tu avec ton contenu ?

Mon audience est principalement composée de jeunes adultes, majoritairement âgés de 18 à 34 ans. C’est une tranche d’âge qui correspond bien à mon positionnement. Sur le plan démographique, la répartition est assez équilibrée : environ 55 % d’hommes et 45 % de femmes, un ratio assez stable aussi bien sur TikTok que sur Instagram. À noter que si les plateformes comme TikTok sont accessibles dès 13 ans, certaines fonctionnalités (comme les lives) ne sont pas disponibles pour les plus jeunes. En tant que créateur, je n’ai toutefois pas accès aux données concernant les audiences de moins de 18 ans, même si j’ai bien conscience qu’un public plus jeune peut être exposé à mes contenus.

Mais ce qui me marque surtout au-delà des chiffres, c’est la diversité des profils qui interagissent avec mon contenu : étudiants, jeunes actifs, parfois même des enseignants ou des parents curieux. Ça me confirme qu’il y a une vraie appétence pour des formats culturels accessibles, à condition qu’ils soient bien adaptés aux codes des plateformes. Et c’est exactement ce que j’essaie de faire : créer un pont entre savoir et scroll.

Combien de temps consacres-tu à la création de contenu chaque semaine ?

En moyenne, je publie cinq vidéos par semaine, ce qui représente environ 15 heures de travail hebdomadaire, en plus de mon job à temps plein. C’est un vrai équilibre à trouver, presque une seconde vie professionnelle, mais que je prends à cœur. J’écris le matin ou pendant ma pause déjeuner, je filme et je monte le soir ou le week-end. C’est une vraie gymnastique, mais quand on est passionné, on ne compte pas vraiment les heures ou en tout cas, on les vit différemment. Ce que ça demande, c’est surtout de la régularité et une vraie discipline créative. Mais à mes yeux, le plaisir de transmettre et les retours de la communauté en valent largement la peine.

Utilises-tu l’intelligence artificielle dans ton processus créatif ?

Clairement, oui. Et je dirais même que l’IA est devenue un vrai pilier de mon workflow. Elle me fait gagner un temps fou au quotidien. Je l’utilise notamment pour générer des brouillons de scripts, que je retravaille ensuite à ma sauce. Ça me permet de partir d’une base solide, sans avoir à repartir de zéro à chaque fois. J’ai aussi créé plusieurs GPT personnalisés qui m’aident à trouver des idées de sujets, à structurer mes vidéos, ou encore à tester différents angles narratifs. Sans l’IA, je ne tiendrais clairement pas le rythme de cinq vidéos par semaine. Je dirais que je gagne facilement 10 heures par semaine grâce à ces outils. Je m’en sers également pour générer des hooks percutants, imaginer des formats, ou repérer les tendances éditoriales du moment. Et depuis peu, je commence à explorer l’automatisation avec n8n, ce qui ouvre encore plus de perspectives en termes d’efficacité. Pour la partie création audiovisuelle, je teste aussi des outils de génération d’images et de vidéos comme Sora ou VO3 de Google. Bref, l’IA ne remplace pas ma créativité : elle l’accélère, la stimule, et me permet de rester constant sans m’épuiser.

Comment fonctionnent les systèmes de rémunération sur TikTok et Instagram ?

Ce qu’il faut savoir, c’est que la rémunération sur ces plateformes ne repose pas uniquement sur le nombre de vues, mais aussi (et surtout) sur la manière dont les vidéos sont consommées. Mes vidéos durent entre 1 minute et 1 minute 30, et ce n’est pas pour rien. En effet, sur TikTok, on est rémunéré en fonction des vues qualifiées (celles de plus de 5 secondes), mais aussi de l’engagement généré (likes, commentaires, partages…). Plus les utilisateurs restent longtemps sur ta vidéo (c’est ce qu’on appelle le taux de rétention), plus ton RPM (revenu par mille vues) a des chances d’augmenter.

Sur Instagram, le fonctionnement est un peu différent. La plateforme ne propose pas de système de rémunération directe aussi structuré que TikTok : les créateurs peuvent bénéficier ponctuellement de programmes de bonus (comme ceux mentionnés ici), mais des dispositifs comme Reels Play ont été arrêtés. En revanche, la logique de visibilité reste similaire : plus ton contenu engage et retient l’attention, plus il a de chances d’être mis en avant par la plateforme. Instagram se distingue toutefois par l’importance de la relation communautaire : les marques y attachent souvent plus de valeur qu’à TikTok. Résultat, un créateur peut être payé plus cher sur Instagram que sur TikTok, à nombre d’abonnés équivalent.

Quelles sont tes techniques et tes astuces pour stimuler l’engagement sur des vidéos courtes ?

Dans les formats courts, tout se joue dans les trois premières secondes. C’est là que l’attention se gagne… ou se perd. Il faut une accroche forte : une question qui pique la curiosité, une affirmation surprenante, ou une tournure un peu provocante. Bref, un hook qui oblige l’utilisateur à rester ne serait-ce que quelques secondes de plus. Les quiz sont particulièrement efficaces pour ça : ils incitent naturellement à l’interaction. Les gens aiment se tester, partager leur score, défier les autres en commentaire… et ça, c’est de l’or en termes d’engagement. C’est un format simple, mais ultra puissant pour créer une conversation autour du contenu. Mais même sur une vidéo de 60 ou 90 secondes, le storytelling reste essentiel. Il faut penser en rythme, créer des rebondissements, poser des questions ouvertes, entretenir une tension narrative, même légère, pour éviter que l’utilisateur ne scrolle trop vite. Au final, ce sont toujours les mêmes ingrédients qui font la différence : un bon rythme, une structure claire, et surtout un point de vue qui donne envie d’écouter jusqu’au bout. Et au-delà de l’engagement pur, ce sont aussi ces éléments qui influencent la performance algorithmique, et donc, potentiellement la monétisation.

Comment gères-tu tes collaborations avec les marques ?

C’est plutôt simple : Ce sont les marques qui me contactent par mail, on échange et elles me transmettent un brief qui inclut leurs objectifs, les messages clés, les informations pratiques et les contraintes éventuelles, comme l’exclusivité Spark Ads* par exemple. À savoir que je facture cette option plus cher, généralement 10 à 15 % du budget publicitaire de la marque. Après, elles me laissent garder ma liberté créative.

J’ai travaillé avec la Caisse des Dépôts, Signal (en marque blanche), et j’ai récemment été contacté par Leclerc pour créer du contenu lors du Tour de France. Dans ce cas, il s’agissait d’un format proche de l’UGC (User Generated Content) : la marque souhaitait une vidéo réalisée par mes soins, mais destinée à être publiée uniquement sur ses propres canaux (compte officiel ou publicité), et non sur mon compte personnel. Par ailleurs, je refuse de collaborer avec des marques qui ne correspondent pas à mes valeurs, notamment celles de la fast fashion, par conviction éthique et écologique. Aujourd’hui, je gère seul mes partenariats, en micro-entreprise.

*Une option qui permet à une marque d’utiliser un contenu créé par un influenceur comme publicité, via TikTok Ads.

Quels sont tes projets pour l’avenir ?

Mon premier objectif, c’est de pouvoir vivre de la création de contenu. Je m’en approche petit à petit, en construisant une communauté engagée, et en restant fidèle à ce que j’aime faire. Après avoir atteint les 100 000 abonnés sur TikTok l’année dernière, je souhaite développer davantage mon compte Instagram, pour diversifier ma présence et toucher un public plus large, tout en gardant la même ligne éditoriale autour de la culture générale. Je suis convaincu que le succès vient avec la régularité, la patience… et surtout le plaisir. C’est vraiment essentiel pour moi de rester dans une démarche de passion, sans tomber dans la course aux vues ou aux tendances éphémères.

Et si je devais citer un rêve un peu fou, ce serait de faire une vidéo avec Jamy, évidemment. Parce qu’il a bercé toute une génération (la mienne en tout cas), et parce qu’il représente exactement ce que j’essaie de transmettre : le plaisir d’apprendre, avec simplicité et enthousiasme.


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