Et si nous assistions à la fin d’un cycle ? Celui d’un modèle bâti sur la course effrénée à la visibilité, où la reconnaissance s’est longtemps mesurée en cœurs, pouces levés et commentaires enthousiastes. Depuis quelques mois, un phénomène s’installe sur LinkedIn : les publications qui suscitent le plus d’enregistrements surpassent désormais celles qui accumulent les likes. Un glissement discret, mais révélateur : l’économie de l’attention se réorganise. Les algorithmes des plateformes sociales semblent moins récompenser la réaction instantanée, souvent dictée par la connivence sociale (“je like parce que c’est le post du collègue ou du boss”), mais plutôt la trace durable laissée par un contenu qui retient, inspire, ou incite à revenir. En d’autres termes, la profondeur de l’engagement supplante sa visibilité.
Les likers et commentateurs ont abusé du système de visibilité sur les réseaux sociaux… mais les plateformes ont sifflé la fin de la récré !
Jonathan Chan, créateur de contenu B2B et expert LinkedIn
Le déclin des métriques de surface
Les “vanity metrics”, ces indicateurs flatteurs, mais creux, ont longtemps servi de repères faciles pour mesurer la performance des publications sur les réseaux sociaux. Mais elles ont fini par être déconnectées de la valeur réelle du contenu et les algorithmes s’en sont rendu compte.
Les contenus émotionnels, polarisants ou sensationnalistes avaient pris l’ascendant sur les publications de fond, dopées par des interactions rapides, mais sans substance. Un déséquilibre que les plateformes cherchent désormais à corriger. (Enfin, merci !)
Cette évolution marque une reconquête du sens : l’audience ne veut plus être sollicitée à outrance, mais informée et outillée. Il n’existe plus de “hack” miracle : l’attention se mérite par la pertinence.
Les preuves d’un basculement algorithmique
Plusieurs signaux confirment cette transition vers des indicateurs d’attention :
- Instagram propose à ses utilisateurs de masquer les vanity metrics et va tester la prise en compte des captures d’écran comme forme d’engagement implicite. En savoir plus
- LinkedIn met en avant les enregistrements, les vues de profil et les partages dans ses statistiques.
- TikTok, pionnier du modèle, privilégie depuis longtemps les temps de visionnage et les envois privés plutôt que les réactions visibles.
Ces ajustements traduisent un même mouvement : les plateformes redéfinissent la valeur de l’interaction pour se rapprocher d’un indicateur plus qualitatif : la profondeur de l’attention.
Une nouvelle pyramide de l’engagement
Pour analyser cette mutation, Jonathan Chan s’est appuyé sur la célèbre règle du 90–9–1 formulée par Jakob Nielsen en 2006, qu’il a actualisée à partir de ses propres données empiriques. Il en propose aujourd’hui une version révisée, adaptée à l’écosystème social contemporain : 1 / 3 / 5 / 10 / 80. Véritable radiographie du comportement des audiences sur les réseaux sociaux :
- 1 % de créateurs réguliers
- 3 % de commentateurs ponctuels
- 5 % de personnes qui likent et partagent régulièrement
- 10 % d’interacteurs invisibles (enregistrements, envois, clics sur le profil)
- 80 % d’utilisateurs passifs (dwell time)
Cette dernière catégorie, les « interacteurs invisibles » deviennent le nouveau centre de gravité de l’engagement social. Une audience qui ne se manifeste pas, mais qui agit autrement : elle lit, sauvegarde, capture, partage en message privé. C’est désormais cette activité latente, cette zone grise entre consommation et interaction, que les plateformes s’efforcent de détecter, mesurer et surtout récompenser.
Les entreprises et dirigeants doivent en tirer une leçon : le vrai levier n’est plus dans la quantité d’interactions, mais dans la qualité de la réception. Publier pour être retenu, pas seulement vu !
Cet article est tiré des enseignements de Jonathan Chan, expert et créateur de contenu B2B sur Linkedin.
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